Été 2020 le grand bazar
Août 2020
Je suis insomniaque en ce moment mais je l'ai toujours été.
Réveillée comme les gens de la terre, au son du coq, vers six heures du matin.
Ça a commencé quand j’avais16 ans, en juillet 1975, aux Contamines Montjoie.
Mes premières vacances sans mes parents.
Promis je vous raconte ça bientôt
En ce moment je vis la vraie vie d’une femme de 61 ans, rien de transcendant, avec, d’une part, tes enfants qui font des bébés et d’autre part, tes parents qui subissent les assauts pervers du grand âge et les effets collatéraux de la Covid.
Cet été, mes parents ont vécu un mini-enfer maison.
Maladie, chaleur, angoisse, hospitalisation, retour à la maison.
Rien que de très courant pour des "vieux" de 87 et 81 ans.
Excusez-moi, je ne peux pas dire VIEUX pour eux.
Je sais c’est infantile mais non, mes parents ne seront jamais "MES VIEUX"
Ils sont, seront toujours et éternellement MES PARENTS
Ils sont papa maman
Félix et Jeannette
Papi et Mamie
Désormais Pépé et Mémé
Tout sauf VIEUX
Je vois leur corps vieillir et leur peau se tâcher
Je sens leur fatigue et leur lassitude
C’est vrai
Moi je vois toujours FELIX du Vieux Port
Celui qui dépanne tous les bateaux du Château d'If
Qui te fait monter gratos sur la "Vedette" du Frioul
Qui t’emmène à la Criée, la vraie, pas le théâtre, pour ramener des favouilles, du thon frais ou des anchois
Félix à mobylette dans les rues du quartier
En bleu de travail, les mains pleines de cambouis.
Le Félix des années de gloire et de pleine santé
Donc mes parents me préoccupent du matin au soir. Ça m’empêche de dormir.
Je ne sais pas vous, mes fidèles lectrices et mes quelques lecteurs, mais en vieillissant je la chronologie devient confuse
Ça doit porter un nom ça j’imagine..
Je prends un exemple avec ma fille qui a 33 ans
Elle est maman depuis deux ans.
A son âge j’avais des enfants de 9 ans et 5 ans.
Quand le virus nous a laissés un peu tranquilles on a passé deux semaines ensemble.
Je sais qu’elle est adulte, responsable, indépendante et libérée.
Je sais pertinemment qu’elle vit sans moi 95% de son temps mais quand elle arrive à Peyriac, le temps s’est disloqué.
Elle a 2 ans, 5 ans ou 12 ans...
Je vis donc une expérience que je vais baptiser " la régression mamajuivesque"
Je vous explique:
Elle sait très bien faire à manger, mieux que moi parfois. Elle suit les recettes à la lettre.
Elle excelle en pâtisserie, surtout les gâteaux au chocolat.
Moi je ne peux pas, je commence bien et je pars souvent en live, j’invente!
J'ai quand même quelques plats que je maîtrise les yeux fermés. Le couscous par exemple.
Et bien pendant les quinze jours de notre cohabitation estivale je ne fais QUE ce qu’elle aime, bref je suis sa maman et elle est ma fille.
Elle ne touche ni une poêle ni une spatule.
Je fais tout comme quand elle habitait avec nous.
De la ratatouille pour ELLE à tour de bras et en quantité alors que ni Damien ni GG ne l’apprécient.
Des poissons grillés, de la seiche à la rouille.
Des fromages, des tomates.
Tout ce qu'elle aime.
Je n'oublie pas Damien et ses plats préférés.
Disons qu'on a souvent deux choix: le menu femme et le menu homme 😉
Une autre anecdote dont je ne suis pas fière.
Un jour de grande fatigue morale (leur départ se rapprochait) nous étions à la plage.
Les amoureux étaient partis en avance pour colorer leur blanche peau d’irlandais.
J’’arrive avec ma copine. Je les vois dans l’eau, je fais HELLO, je repère leurs serviettes et...
J’ai honte de vous raconter....
J’ose déplacer leurs deux serviettes pour faire un petit clan, comme les indiens.
J’ai compris que j’avais merdé à leurs regards.
Regard ASSASSIN de ma fille
Regard INTERLOQUÉ de Damien
Regard amusé de ma copine qui pensait très fort: Marie, là, tu vas charger!!!
Oui c’est bien ça.
Je souffre d’une régression mamajuivesque aiguë parce que je suis séparée de mes enfants et de mes petits-enfants par des kilomètres et des kilomètres et des kilomètres...
Plus le syndrome du Nid Vide qui se traduit par le fait de cuisiner pour quatre alors qu’on n'est plus que deux.
Et pour finir mes parents vieillissent loin de moi, à MARSEILLE
C’est grave docteur?
Je vais m’en sortir ?
Toujours autant de plaisir à te lire Marie. Avec beaucoup d'humour qui me rappelle également que la vie avec papa et maman était belle.
RépondreSupprimerNous vieillissons inexorablement donc profitons du temps présent avant qu'il ne devienne un passé trop lointain.
Quelle sagesse chez mon cousin le boulanger/pâtissier/ baroudeur! Merci infiniment 🌟 Alain Je n'ose imaginer combien tes parents te manquent ♡ Les miens sont en ce moment, au bout du rouleau... Je t'embrasse et Coco aussi
SupprimerHa Ha lol j'imagine la scène, la Mama à la plage, mais peu importe, c'est toi, avec tout cet amour qui déborde. Tout autant lorsque je lis tes mots, ta vie, tes souvenirs avec tes parents, tout cet amour déborde, éclabousse; tant mieux pour ceux qui te croisent Bise.
RépondreSupprimer💝
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